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Photo du rédacteurFlying Butterfly

Beyrouth mon amour, Apocalypse now

Dernière mise à jour : 8 nov. 2020

Trois jours après la double explosion qui a ravagé Beyrouth, les mots me manquent pour exprimer ma colère, ma sidération, mon indignation et ma tristesse. Vivant en France et n'ayant plus aucun bien là-bas, j'y ai tout de même passé toute mon enfance jusqu'à mes 17 ans, y suis rentrée régulièrement, gardé néanmoins des attaches fortes, famille, proches, amis. Certains ont tout perdu, d'autres ont été partiellement touchés, des blessés plus ou moins graves au nombre de 5000 aujourd'hui, 150 morts, 300 000 sans abris. Interloquée, ébahie, choquée, j'ai parfois eu du mal à exprimer ma compassion et posé parfois des questions idiotes ou décalées, ne sachant pas quoi dire ni comment consoler.



2 750 tonnes de nitrate d'ammonium gardés depuis 7 ans au cœur du port et faisant l'objet de tractations à l'infini. Alors d'autres ont su traduire leurs sentiments, comme Médéa Azoury, journaliste connue pour son franc parler "Vous êtes des monstres, des ordures, des assassins. Il n’y a aucun mot qui puisse vous décrire. Aucun. Vous êtes les initiateurs d’un crime contre l’humanité. De crimes contre l’humanité. Vous méritez la pendaison. Sur la place publique. Sur la place des Martyrs." L'article, intitulé "Hiroshima, Nagasaki, Beyrouth" souligne, si besoin était encore, la violence de l'explosion. Merci à Médéa d’exprimer notre rage et notre colère, puissent-ils payer leurs crimes et méfaits et croupir en enfer !



Aucun politique ne s'est rendu sur place, l'armée s'est contentée de superviser les travaux des bénévoles accourus de toutes part, les associations se sont mises à pied d'œuvre. La thèse de l'accident par négligence tranche avec la sempiternelle théorie du complot, d'un missile lancé, d'un avion survolant la zone... Seuls les politiques véreux et pourris nient leurs responsabilités et vont jusqu'à refuser l'enquête internationale.


Fifi Abou Dib, journaliste à l'Orient-le-Jour nous exhorte : Ne nous dites plus jamais « courage » ! "Dites-leur que nous n’avons plus de courage. Dites-leur que nous ne serons plus jamais résilients. Que nous sommes habités d’une colère homérique. Que le vide est préférable à leur abjecte figuration. Et que les foules excédées préparent déjà les potences, s’ils ne partent pas de leur plein gré."


Aujourd'hui, pourtant, je n'apprends rien à personne. Les médias ont couvert la catastrophe avec moult témoignages et analyses. La visite d'Emmanuel Macron a apporté du baume au coeur à de nombreux libanais tout en suscitant certains sarcasmes et l'ire de quelques d'autres. Et pourtant, n'a-t-il pas eu raison d'appeler " les dirigeants libanais à un« profond changement »pour sortir leur pays de l’impasse politique et économique.« C’est le temps des responsabilités », a-t-il déclaré, plaidant pour une« refondation d’un ordre politique nouveau ». Le Monde 6 août 2020


Combien de temps cela prendra-t-il, passé les semaines et les mois à déblayer et se reconstruire un minimum d'abris ? L'espoir est immense dans la société civile, genoux à terre et colère en tête. Comment sortir de 'l'impasse d'un multiconfessionalisme dépassé, d'un clientélisme qui dure depuis des années, d'une armée illégitime aux mains du Hezbollah, des vols et corruptions avérés au sommet de l'Etat ? Quel rôle peuvent jouer les nouvelles générations excédées mais empêtrées dans ce système qui a prouvé plus d'une fois son inanité ? Comment la diaspora peut-elle s'organiser pour aider ses compatriotes sans se heurter aux intérêts rivaux régionaux et mondiaux ? Autant de questions restées en suspend et dont on espère un début de réponses, une fois le choc absorbé et le balayage des restes d'une ville terminé. L'objectif : ne pas finir comme le Yemen, la Syrie, l'Irak, la Lybie et tant d'autres pays à terre en proie à la famine, aux guerres ou au chaos généralisé.


Entre le scénario à l’irakienne, la situation comme au Venezuela et la pauvreté à l’instar de l’Afghanistan ou du Yemen, la dictature à la syrienne, sans parler de la faillite de l'Etat à la somalienne, le Liban🇱🇧, ex-Suisse du Moyen-Orient, avec des politiques véreux et un clientélisme digne des meilleures mafias italiennes, n’est pas sorti de l’auberge espagnole ! L’impasse est d’autant plus douloureuse que beaucoup l’ont vu venir sans rien pouvoir faire après avoir payé leur tribut à la guerre !


L’histoire n’en finit pas de recommencer et nous d’espérer ce je ne sais quoi qui renverserait la situation, à la libanaise ! Peut-il y avoir pire encore que la catastrophe qui vient de frapper Beyrouth, "cette monstruosité du point final" ? Comme le dit Wajdi Mouawad dans Le Monde du 8 août 2020, dans l’horreur qui vient d’arriver, il doit y avoir « un levier pour renverser un cauchemar ». 


En attendant le changement, je continue d'écouter et d'espérer avec des frissons la superbe chanson de Fayruz ou de Majida el Roumi pour Beyrouth.


Et si vous le souhaitez, une liste des associations sérieuses qui prennent des dons et agissent concrètement sur le terrain


Chaque don versé à la Fondation de France pour Solidarité Liban sera doublé par l’AFD* . L’objectif : augmenter l’impact de la générosité des donateurs au travers d’actions utiles et efficaces sur place.





Sortie le 31 octobre du livre Beyrouth Mon Amour

"Sous la direction de Bélinda IBRAHIM avec une préface signée Gérard BEJJANI, « Beyrouth Mon Amour 4 août 2020 18h07 », est un ouvrage collectif pour la mémoire rassemblantcinquante-six auteurs qui ont donné leurs textes tém"oignages de cet instant qui a ravagé une ville et détruit des vies à jamais, illustrés par les photographies, peintures, dessins et illustrations de vingt-six contributeurs visuels. À but caritatif, les ventes de l’ouvrage seront entièrement reversées de manière égale à six ONG : AFEL- AL MAJAL- ARCENCIEL- FAIRE FACE-  ERASMUS EXPERTISE et LIVE LOVE BEIRUT qui œuvrent activement sur le terrain. C’est dans les merveilleux jardins du Palais Sursock-Cochrane, défiguré par la tragédie, que les journalistes sont conviés à rejoindre les contributeurs, le 28 octobre 2020 de 16h30 à 18h30 pour faire revivre ensemble ce palais, ce joyau de l’architecture patricienne beyrouthine du XIXe siècle." Lire la suite https://www.agendaculturel.com/article/beyrouth-mon-amour-4-aout-2020-18h07


Pour acheter le livre :



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